VI Nadège et Kader, propriétaires
Nous nous retrouvâmes chez le notaire le lendemain à 10 heures, oui un dimanche. Il nous attendait avec son fils, également entré dans la profession mais toujours dans une autre étude, à Cahors, faute d’obtenir la succession. Le notaire crut bon de préciser « ça fait dix ans que ça ne m’était pas arrivé. » Le protocole d’accord fut signé mais Kader paya l’ensemble immédiatement, même si, comme le souhaitait Nadège, la maison leur appartenait moitié-moitié. « On s’arrangera. » Oui, il possédait une telle somme sur son compte courant ! « Mon à-valoir ! »
Le propriétaire fut ébahi de recevoir une enveloppe. « Pour le dérangement du dimanche. » Moi également ! Le notaire apprécia modérément le « quant à toi, on ne peut pas gagner au loto le samedi et le dimanche. » Mais il sortit de sa poche deux billets qu’il tendit au fils... qui eut le réflexe professionnel de les refuser... Mais à son grand étonnement Kader ne les posa pas sur son bureau : il me les donna ! Je poussais la malice jusqu’à balancer « je les garde au cas où un jour j’achetais une nouvelle maison. » Subtilité que Kader ne comprit pas même après explications durant le retour au bercail.
Quand elle l’apprit, Amina souhaita que je lui restitue l’ensemble : « de l’argent sale, c’est haram. » Alors que le billet de loto avec cinq bons numéros, elle en avait été enchantée « même si le jeu c’est haram, mais tu n’as pas joué ! » Encore ce dimanche-là, comme pour le salaire, elle distinguait une différence : « tu ne savais pas que c’était de l’argent haram quand tu l’as accepté. » Finalement, placés dans une enveloppe à bulles protégée dans une boîte en fer plate, ces billets atterrirent derrière une pierre, dans la vieille grange. Elle refusa l’idée de la cave. Je m’étais retenu... pouvait-elle imaginer que malgré tant d’insultes encore régulièrement balancées, je lui en épargnais bien souvent comme en ultime réplique un « et baiser avec Carlo, ce n’était pas haram ? »
Le propriétaire, rassuré par le notaire au sujet du paiement qui transiterait par son compte, n’avait soulevé aucun obstacle à leur installation immédiate. On devait se revoir après le 26 avril pour la signature de l’acte définitif. On, Kader insistait, j’étais sa caution locale.
Ajout commentaire plus ou moins littéraire
Voir sujet précédent du forum
Si vous souhaitez aborder un autre sujet : Vous pouvez
débuter un nouveau sujet en respectant le thème du site.
|
|
|